Chapitre 3C2 : L’organisme débordé dans ses capacités d’adaptation

Lorsque la situation de stress perdure, le système est débordé dans ses capacités d’adaptation, et un stress chronique s’installe. On cherche à savoir les effets de ce stress chronique sur l’organisme, et comment le diminuer.

I. Stress chronique

A.   Le stress dans la durée

Si les stimuli dus aux agents stressants sont trop intenses ou si leur action dure (ex : traumatisme intense et syndrome de stress post traumatique, stress de longue durée comme des mauvaises conditions de travail, du harcèlement, un deuil difficile, une maladie grave,…), les mécanismes physiologiques sont débordés et le système se dérègle. C’est le stress chronique. Chaque individu est différent face aux agents stresseurs, le stress intégrant des dimensions multiples et liées. Certains vivront un stress intense chronique, d’autres se remettront rapidement d’une situation identique, selon les sensibilités, la présence d’un entourage soutenant, l’histoire individuelle et collective… 

B.   Une plasticité mal adaptative

Lors d’un stress chronique, le rétrocontrôle exercé par le cortisol sur l’axe hypothalo-hypophyso-corticosurrénalien est moins efficace, ce qui diminue fortement les capacités de résilience, et l’organisme produit du cortisol en permanence. 

Le stress chronique, sous l’effet des hormones du stress (cortisol, CRH, ACTH) libérées en permanence, peut entraîner des modifications de certaines structures du cerveau, notamment du système limbique (hippocampe, amygdale) et du cortex préfrontal, avec parfois une atrophie de ces zones cérébrales, ce qui diminue la capacité à gérer des émotions, et peut éventuellement affecter la mémoire et la capacité à prendre des décisions. Cette forme de plasticité, dite mal-adaptative, se traduit par d’éventuelles perturbations de l’attention, de la mémoire et des apprentissages, avec des performances cognitives moindres. 

C.    Les symptômes

Le stress chronique se traduit par des symptômes : 

  • physiques (fatigue, troubles digestifs, troubles musculo-squelettiques, syndrome métabolique et maladies cardiovasculaires à long terme, baisse du système immunitaire…),
  • cognitifs (baisse de la mémoire, difficulté de concentration et d’apprentissage), 
  • émotionnels (anxiété, apathie, tristesse, déprime, dépression, irritabilité),
  • et comportementaux (troubles du sommeil, du comportement,…).

Les dérèglements engendrés par le stress chroniques engendrent diverses pathologies physiques et psychiques. 

Pour diminuer l’effet de ce stress chronique, différents traitements sont proposés.

II. Les traitements

Ces pathologies dues au stress chronique sont traitées de façon médicamenteuse ou non. 

A.   Solutions médicamenteuses

Des médicaments, comme les benzodiazépines dans le cas de l’anxiété, diminuent les effets du stress chronique et visent à favoriser la résilience. Ils agissent en se fixant sur les récepteurs au GABA et en amplifiant les effets inhibiteurs du GABA sur le système nerveux. Ils ont un effet anxiolytique (diminution de l’anxiété), sédatif (favorise l’endormissement) et myorelaxant (favorise le relâchement musculaire). En effet, le GABA inhibe notre système nerveux, notamment le système limbique, ce qui diminue la libération d’adrénaline par les médullo-surrénales. Cependant, l’inhibition du système nerveux engendre des effets secondaires en diminuant l’attention et la vigilance. De plus, ils présentent un risque de dépendance. La prise de ces médicaments doit suivre un protocole rigoureux afin de ne pas provoquer d’autres perturbations notamment une sédation et des troubles de l’attention ainsi qu’une dépendance.

B.   Pratiques non médicamenteuses 

Certaines pratiques non médicamenteuses sont aussi susceptibles de limiter les dérèglements et de favoriser la résilience du système (la méditation, le yoga, la thérapie avec la reformulation de ce qui a été vécu, l’hypnose, l’EMDR, la relaxation, la respiration profonde, la pratique d’une activité physique, la présence d’un entourage compréhensif et soutenant, l’écoute de certaines musiques). Ces pratiques favorisent la résilience en diminuant l’activation du stress, mais n’auront pas le même effet selon les individus. 

Conclusion

Le stress chronique est un problème de santé publique, car il génère de nombreux troubles chez les individus qui en sont atteints. Il provient d’une diminution du rétrocontrôle par le cortisol, et provoque une plasticité mal-adaptative du cerveau ainsi que de nombreux symptômes physiques, émotionnels et cognitifs. Pour y remédier, l’utilisation d’anxiolytiques comme des benzodiazépines doit se faire de façon contrôlée afin de ne pas provoquer trop d’effets secondaires, ni de dépendance.  Des méthodes alternatives peuvent aussi diminuer le stress chronique.